Manufacture d'orgues Th. Kuhn SA, 1972
Restauration
www.orgelbau.ch/opf=800320
I/P/19
Suisse, Saint-Gall
Stiftskirche, Psallierchor
Un type d'orgue alpin du 17ème siècle
L'orgue ainsi nommé, celui du «Psallierchor» de l'ancienne église conventuelle de Pfäfers SG sur Bad Ragaz, représente une oeuvre précoce d'un maître autrichien du Vorarlberg, Johann Matthäus Abbrederis de Rankweil, baptisé le 17 avril 1652 et décédé environ vers 1725. Ce facteur d'orgues fut à maintes reprises sollicité pour travailler dans la Suisse actuelle, en particulier dans la vallée du Rhin (SG), aux confins de la Suisse orientale et dans les Grisons.
La façade représentative qu'il avait imaginée reste un modèle de l'orgue alpin qui s'est largement répandu au cours du 17ème siècle. Un peu par coïncidence, Hans Gugger l'avait décrit dans le détail en le qualifiant de «Steinen- Typ», prenant comme exemple l'orgue de Steinen SG construit en 1664. Ce style est bien marqué par le fait que les grandes tourelles extérieures restaient, selon la manière de faire à la fin du Moyen-Âge, toujours en plates-faces avec d'autre plus petites et attenantes, mais cependant avec dans l'axe central une petite tourelle ronde donnant à la façade un nouvel accent particulier. Cette basse tourelle centrale offrait une place idéale pour faire figurer une sculpture (Vierge, Roi David, etc.). Il est vrai qu'Abbrederis n'avait pas été l'inventeur de ce type d'orgue, mais toutes ses nouvelles oeuvres ont été conçues selon ce schéma, depuis celle de Mon GR (1690) à celle de Maienfeld GR (1725). C'est bien grâce aux circonstances, cet orgue étant injouable depuis des décennies, qu'il a été maintenu dans son état primitif. Un orgue «moderne», un Kuhn des années 1912 situé sur la tribune sud faisait l'affaire. Suite à une restauration complète de l'église nous avons eu en charge, en 1972, de restaurer ce vénérable instrument. Malheureusement l'architecte responsable des travaux avait insisté pour éliminer l'abri en bois de la soufflerie qui empiétait anormalement sur la façade nord de l'édifice. C'est ainsi que l'orgue a perdu cet élément, avec soufflets cunéiformes d'origine, remplacé par une soufflerie moderne située sur la tribune et dissimulée dans un placard mural. Pour le reste, cette restauration était exemplaire pour l'époque et c'est là que pour la première fois, face à bien de résistances, le tempérament mésotonique s'est de nouveau imposé.
Tout à fait inhabituelle pour le temps (1694), la tessiture étendue de la Pédale portait sur deux octaves, du 1er do au 3ème do, avec octave courte et 21 notes, sa composition était généreuse, avec un total de six jeux.
Les coûts fixés le 3 décembre 1693 pour ce travail commandé s'élevaient à 1060 florins de Coire et le traitement extérieur de son buffet avait coûté encore 22 florins. Un mystère existe concernant coloration en noir entre, suivant une mode qui s'est aussi manifestée ailleurs entre 1660 et 1700. Une vague supposition d'Albert Knoepfli pourrait faire penser qu'elle pouvait marquer le funeste et sombre retentissement de la guerre de Trente ans, ce qui pour l'instant n'a pas été confirmé!
Friedrich Jakob, 2006
Traduction: Paul Cartier
Documentation:
Hans Gugger: Ein Orgeltyp des 17. Jahrhunderts, Herkunft und Entwicklung einer Gehäuseform im schweizerischen alpinen Raum; in: Unsere Kunstdenkmäler, volume XXIV, n° 4 Berne 1973, pages 247 à 255.