Manufacture d'orgues Kuhn SA, 2012

Restauration

Orgue construit par
Josef Bittner, Eichstätt, 1913
Sommiers
sommiers à membranes
Traction
mécanique-pneumatique
Tirage des jeux
électro-pneumatique
Inauguration
25.11.2012
Expert
Martin Bernreuther
Harmonisation
Gunter Böhme


www.orgelbau.ch/opf=801530

Beilngries

III/P/43

Allemagne, Bavière
Stadtpfarrkirche St. Walburga

© photos Orgelbau Kuhn AG, Männedorf

Manufacture d'orgues Kuhn SA, 2012

Restauration

Orgue construit par
Josef Bittner, Eichstätt, 1913
Sommiers
sommiers à membranes
Traction
mécanique-pneumatique
Tirage des jeux
électro-pneumatique
Inauguration
25.11.2012
Expert
Martin Bernreuther
Harmonisation
Gunter Böhme

Diffusion et système des orgues Bittner

Depuis le début du XIXème siècle, les instruments de la famille de facteurs d'orgues Bittner constituent un élément fondamental du paysage organistique de Bavière. Le nombre relativement élevé d'orgues construits dans la période allant jusqu'à la Seconde Guerre mondiale indique l'estime dont jouissaient les orgues Bittner. Bittner a été obligé, du fait des évolutions, d'opter pour la commande pneumatique vers la fin du XIXème siècle. Finalement, la construction de sommiers appelés «sommiers creux» s'est imposée à lui. Comme avec d'autres types de sommiers à cases, chaque tuyau possède ici sa propre soupape. Les membranes faites de peau sont collées sur une petite plaque de bois creuse. D'un point de vue actuel, force est malheureusement de constater que ce type de construction n'a pas du tout fait ses preuves. Ce n'est pas la fonction en soi qui pose problème, mais l'accessibilité des soupapes. Lorsqu'une peau est détériorée ou que de la saleté tombe sur une soupape, cela provoque un dysfonctionnement. Pour remédier à celui-ci, il faut démonter tous les tuyaux, ce qui prend énormément de temps.

Transformations techniques de 1964 et 1992

Avec le vieillissement de l'orgue, les dysfonctionnements se sont naturellement multipliés. On a donc décidé en 1964 de résoudre les défaillances de la pneumatique (ralentissement) par une électrification de l'orgue. Une nouvelle console était nécessaire pour cela, et on a remplacé les membranes par des électroaimants pour le déclenchement des soupapes. En 1992, les plaques massives à la base des sommiers ont été découpées pour permettre l'accès aux soupapes d'en dessous. Il n'était ainsi plus nécessaire de démonter les tuyaux pour accéder aux soupapes. C'était sûrement une idée sensée, mais sa réalisation a laissé à désirer. Suite à cette mesure, les sommiers ont été fragilisés sur le plan statique. Leur étayement avait toujours été insuffisant, mais désormais, des affaissements pouvant aller jusqu'à 3 cm se produisaient au centre! Naturellement, ceci a de nouveau entraîné des dysfonctionnements. A cela se sont ajoutées, après presque 50 ans d'utilisation, des défaillances des éléments électriques.

Situation avant la restauration

Il est toutefois surprenant que l'orgue, au cours de son histoire de près de cent ans, n'ait pratiquement pas subi de modifications dans la conception de son installation, ni surtout sur le plan sonore. Ce constat parle en faveur de la qualité de la tuyauterie de Bittner.

L'orgue revêt une importance particulière parce qu'il forme une unité avec l'intérieur de l'église: il a été construit pour la nouvelle église et achevé la même année, en 1913. Il s'agit en outre du plus grand orgue conservé de la famille Bittner, ce qui en fait un instrument représentatif ayant au moins valeur de monument historique à l'échelle régionale.

Point de départ du concept de restauration

La visite de l'orgue Walcker restauré de l'église St-Georges à Ulm a été pour la commission de l'orgue d'une aide cruciale pour sa prise de décision. L'orgue Walcker se trouvait en 2000 dans une situation comparable. Un retour au système uniquement pneumatique était aussi peu souhaitable que le maintien de la commande électrique. Le concept suivant a donc été appliqué:

- restauration de la tuyauterie, retour à l'état d'origine des jeux modifiés sur le plan
sonore
- restauration des sommiers (sommiers à cônes)
- nouvelle console à accouplements mécaniques
- traction mécanique pour les sommiers supplémentaires (Spielwindladen) à
proximité des autres sommiers
- courte traction pneumatique des sommiers supplémentaires aux relais secondaires
des autres sommiers
- tirage de jeux pneumatique avec des aimants dans les tirages de jeux
(combinateur)

La mise en pratique de ce concept a abouti à un résultat exceptionnel. Le tirage de notes de tous les claviers est extrêmement précis et malgré tout, les caractéristiques de l'attaque des tuyaux sur les sommiers à cônes résultant du déclenchement pneumatique originel des soupapes ont été conservées.

La restauration

Quelle meilleure solution pouvait-on trouver pour Beilngries que de s'orienter vers ce concept? Par rapport à l'orgue d'Ulm, des mesures plus radicales étaient toutefois nécessaires. Les «sommiers creux» déjà modifiés ont été installés sur un système de sommiers à membranes ayant fait ses preuves. La matière historique des anciens sommiers, avec les chapes, les faux sommiers et râteliers, les relais secondaires pneumatiques, etc., a ainsi été conservée. Chaque tuyau de l'orgue se trouve à la même place qu'avant la restauration. Naturellement, les soupapes sont maintenant accessibles depuis la partie inférieure des sommiers. La statique de l'orgue a été amplement améliorée par un étayement supplémentaire des sommiers. La soufflerie de l'orgue est restée pratiquement inchangée avec tous les vieux soufflets à plis compensés, seul un nouveau ventilateur électrique a été intégré. Pour la conception des détails de la boîte de la console, nous nous sommes inspirés de modèles de Bittner.

Le tirage mécanique des notes s'effectue horizontalement jusque sous les sommiers, en grande partie sous le sol. Le tirage de jeux a fait l'objet d'une reconstruction à neuf dans une version électropneumatique. A partir de la console, la connexion se fait électriquement jusqu'à des relais de commutation positionnés au centre de l'orgue. A partir de ces relais, la commande pneumatique des tuyaux s'effectue via des tubes en plomb jusqu'aux anciens appareils pneumatiques pour commander les jeux (Registerstationen). On retrouve ainsi à l'intérieur de l'orgue l'esthétique artisanale d'un orgue pneumatique.

Avec ces mesures, les qualités sonores de l'orgue bénéficient désormais d'une construction solide et d'une technique opérationnelle pour le long terme. La dépense nécessaire a incontestablement été très élevée, mais nous sommes convaincus qu'elle se justifie. Une preuve importante - si ce n'est la plus importante - du travail de la famille de facteur d'orgues Bittner a ainsi pu être conservée. L'intérieur de l'église, le design de l'orgue et ses sonorités forment toujours une unité et constituent des témoins de leur temps.

Traduction: RS 2012