Manufacture d'orgues Th. Kuhn SA, 1984
Orgue neuf
www.orgelbau.ch/opf=112850
III/P/33
Suisse, Berne
Ref. Dorfkirche
L'Art Nouvau et les asperges
Eglise réformée, la Dorfkirche (contrairement à la Schlosskirche) a été construite en 1905/07 par les architectes Bischoff et Weideli. Elle rayonne avec la fraîcheur éclatante de l'Art Nouveau avec de nouvelles formes en rupture avec l'architecture historisante qui avait marqué le style de construction durant une longue période, de la fin du 19ème au début du 20ème siècle. L'édifice fut pieusement restauré en 1984, à l'intérieur comme à l'extérieur, et a conservé tout son rayonnement d'origine.
Le buffet de l'orgue situé sur la paroi de la chaire a été imaginé par les architectes comme élément contribuant largement à l'ambiance architecturale. Préférence a été donnée pour les tourelles de Pédale comme celles qui se faisaient en balustrade pour les orgues baroques d'Allemagne du nord au 17ème siècle, mais d'esprit ayant respiré ailleurs et plus tard. La hauteur de la tuyauterie ne se mesurait plus par une longueur acoustique réelle, mais par une longueur purement fictive, esthétique et composée avec des surlongueurs permettant de maintenir les tuyaux de tailles différentes en même hauteur. Comme caractéristique typique de l'Art Nouveau, on peut noter l'ornementation des bandeaux qui parcourent l'avant de la tuyauterie de façade et qui pour les tourelles sont en métal ajouré. Pour l'esthétique de ces façades découlant de ce style, Albert Knoepfli avait trouvé une qualification bien à propos et restée maintenant en usage pour les spécialistes: «en botte d'asperges». Les bandeaux du buffet principal sont sculptés et représentent un caractère typique de l'ornementation stylistique, avec arabesques d'origine végétale.
Techniquement et musicalement le nouvel orgue de 1994, à vrai dire, s'est tout à fait éloigné l'Art Nouveau. Alors que les instruments de cette époque étaient munis de sommiers à transmission pneumatique tubulaire, l'orgue actuel a été conçu avec traction mécanique et sommiers à coulisses. On peut noter que sa composition représentait un certain tournant et s'est détachée des préceptes néo-baroques issus de « l'Orgelbewegung» pour reprendre des jeux romantiques: au côté de jeux ondulants et flûtes harmoniques se côtoient des anches tels que Cor Anglais et Clarinette, jeux peu de temps auparavant dédaignés.
Friedrich Jakob, 2006
Traduction: Paul Cartier