Manufacture d'orgues Kuhn SA, 2012
Restauration
www.orgelbau.ch/opf=801560
II/P/16
Suisse, Saint-Gall
St. Katharinenkirche
L'orgue Kuhn dans l'église Sainte-Catherine de Saint-Gall
Lorsqu'une église du centre-ville ne sert plus à un usage religieux, que doit-on en faire? Une question qui, malheureusement, se pose toujours plus fréquemment de nos jours. En règle générale, cette question en entraîne une autre: qu'en est-il de l'orgue? Lorsque nous apprenons alors par la presse qu'une banque a acheté l'église, nous imaginons déjà un guichet devant l'autel, l'accueil de la clientèle sur la tribune de l'orgue et des distributeurs de billets dans l'entrée de l'église.
Mais dans l'église Sainte-Catherine, tout s'est passé autrement. L'histoire commence au moment où l'église et les locaux adjacents ont effectivement été achetés par une banque. L'édifice, dont l'architecture est plutôt modeste, était dans un piteux état. Il y a plusieurs années, le buffet de l'orgue, la balustrade et tout le soubassement de la tribune ont été recouverts d'une peinture brune. Plus tard, la façade de l'orgue a été recouverte par un immense écran de projection.
Mais en y regardant de plus près, l'orgue et la tribune laissaient entrevoir un réel potentiel conceptuel. Il est d'autant plus réjouissant que les nouveaux propriétaires de l'église ont reconnu ces qualités et témoigné la volonté de les conserver et de leur redonner leur éclat d'antan. Une nouvelle vie devait être donnée non seulement à la façade de l'orgue, mais aussi à l'instrument. La question suivante se posait: doit-on restaurer l'orgue existant ou bien intégrer - encore une fois - un nouveau plan sonore dans l'ancien buffet? Dans le buffet baroque réalisé par Jean-Baptiste Lang en 1806, le facteur d'orgue Th. Kuhn de Männedorf intégra en 1900 un instrument pneumatique. Malgré les modifications sonores apportées ultérieurement, le rapport d'étude a montré qu'il était possible de restaurer l'orgue et de restituer sa sonorité dans son état de 1900. En revanche, en raison de la traçabilité insuffisante du buffet et de l'absence de documents d'archives, la restitution à l'état de 1806 aurait été totalement hypothétique. Par conséquent, on a préféré restaurer l'orgue Kuhn pneumatique.
Sur l'installation existante, le montage latéral de la pédale sur le buffet historique était très insuffisant d'un point de vue optique. Les tuyaux dépassaient trop dans la fenêtre située à côté de l'orgue. Finalement, on trouva une solution optique satisfaisante en plaçant les tuyaux de 16 ' derrière la boîte expressive.
Heureusement, le buffet d'origine se trouvait encore sous la couche brune. Son dégagement a été une véritable révélation. Les travaux de restauration sur le buffet ont été menés en profondeur, car la vrillette avait fait son «oeuvre» pendant ces deux siècles.
L'orgue n'était plus utilisé depuis plusieurs années, ce qui a fortement altéré sa technique et de plus en plus restreint sa jouabilité. Aussi, la restauration de l'orgue, notamment de la console, a représenté un immense défi. Les commandes des plans sonores et des accouplements dans la console fonctionnent avec différents systèmes («arrivée d'air» et «sortie d'air»), mais sont contrôlées depuis une seule et même soupape. Le restaurateur a dû faire preuve d'un certain «savoir-faire pneumatique» pour mener à bien ce travail méticuleux et redonner à ces commandes toute la fiabilité de leur fonctionnement. L'harmonisation de la tuyauterie historique a été révisée avec un soin particulier, les tuyaux manquants ayant été remplacés et intégrés à l'environnement sonore.
Grâce à l'engagement culturel et à la sensibilité des responsables d'une banque, l'espace de l'église Sainte-Catherine a retrouvé sa beauté d'origine et est redevenu un précieux monument sonore.
